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Horlogerie indépendante : quelle place aujourd’hui ?

Horlogerie indépendante : quelle place aujourd’hui ?

Speake-Marin, De Bethune, autant de pièces extraordinaires que nous avons plaisir à vous présenter en ce moment. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Mais je voudrais maintenant prendre le temps de vous présenter plus largement ces challengers, acteurs à part entière de cette grande nébuleuse horlogère, et uniques par leur esprit et la beauté de leur démarche.

Qui sont ces horlogers indépendants et quelle est leur place ? Qu’est-ce qui anime ces hommes ? J’ai pour cela eu plaisir, comme d’habitude, à en parler avec Ekaterina de chez Ekso Watches Gallery, qui connaît mieux que quiconque les indépendants, et dont certaines pièces me font depuis longtemps tourner la tête.

Préambule

Si je rends avec le plus grand plaisir une visite à Ekaterina dans sa “Galerie d’art horloger”, c’est parce qu’au-delà d’adorer ses chemises florales magnifiques et colorées façon années 60, elle a la plus grande des légitimités dans ce domaine. Jugez donc. Elle s’occupe d’Andreas Strehler, Bovet, Grönefeld, Voutilainen, Ludovic Ballouard, Speake-Marin, Vianney Halter et De Bethune. Des questions ? 

Elle est même la seule au monde, et plus loin encore, à travailler main dans la main avec Vianney Halter et à proposer ses pièces. Et quand je vous annonce qu’elle distribue un artisan ou un autre, c’est encore trop peu. Elle connaît vraiment bien chacun d’eux, je veux dire par là que des liens relativement forts se sont créés entre des personnes animées de la même passion.

Ekso Watches Gallery - Showroom

Cette démarche, nous l’aimons, et j’ai donc longuement parlé avec elle pour y voir plus clair d’une manière générale, sur ces indépendants auxquels nous vouons un respect et une admiration des plus profonds.

L’horlogerie indépendante aujourd’hui

Depuis une quinzaine d’année, une forme de bulle s’est créée sur un monde de l’horlogerie ou une confiance a pris place, où les marques des grands groupes ont investi fortement les marchés mondiaux car la demande a explosé rapidement, en produisant énormément de pièces, et en embauchant du monde. Mais, soudain, quand les faiblesses se sont fait ressentir sur certains marchés, et les exigences se sont transformées, un “creux” de vague est arrivé. Il a alors fallu freiner la production, et malheureusement débaucher quelques personnes.

En parallèle, les horlogers indépendants font leur office. Je ne peux pas vous mentir en vous disant que tout est blanc chez eux, car ils sont aussi dans le creux d’une vaguelette. Mais ils ne souffrent pas des mêmes problèmes que ceux dont palissent les groupes. Par exemple, ils ne peuvent pas se permettre, tant au niveau des budgets, que de la considération portée et même des moyens humains, d’allouer de l’énergie au marketing comme de grosses compagnies pourraient le faire. Et on les juge souvent à partir de cette variable.

Et puisqu’il faut, dans ce milieu d’indépendance, prendre chaque cas à part, certaines faiblesses se sont fait aussi ressentir chez les indépendants il y a peu de temps. On peut par exemple penser à De Bethune, qui a connu il y a quelques années un directeur qui a voulu produire plus (ce qui ne collait pas forcément avec l’image de la maison) et même “surproduire”. Mais aujourd’hui, De Bethune a décidé de faire table rase du passé, de revenir au véritable artisanat, même si cela a dû passer par une réduction des effectifs. Tout cela pour repartir de plus belle, et on le sent déjà. 

Des hommes libres

Savoir prendre son temps, le véritable rythme de l’horlogerie

La passion qui anime Ekaterina fait écho au plaisir qu’ont ces horlogers indépendants à exercer, à créer.

Tout pour moi a fait sens quand je me suis rendu à Baselworld. J’ai eu l’occasion de prendre un café très allongé avec Vianney Halter. Gardons à l’esprit qu’il sort 5 montres par an environ. Il me montre ses superbes créations, que l’on a pas tous les jours l’occasion d’essayer. L’Antiqua QP, la Deep Space y passent.

Il me dit que plusieurs personnes lui ont rendu visite, en lui demandant à chaque fois : “Quelles sont les nouveautés ?”. Soudain, ses yeux se sont remplis d’une vivacité rare, en me disant que l’horlogerie ne fonctionne pas dans ce sens. Les nouveautés de Bâle, tous les ans, ce n’est pas pour lui, que pourrait-il en faire ? La seule nouveauté qui vient pour lui restera secrète, mais elle reprendra une complication ancienne, qui selon lui a mal été interprétée par le passé et qu’il veut faire à son goût, revenant à l’essence de la complication. Sa vraie définition de l’horlogerie.

Vianney Halter - Antiqua QP

Quand le besoin s’en fait vraiment ressentir, l’idée germe dans les esprits de ses artisans fous (dans le bon sens du terme) et la plus grande complication est de le traduire en mécanique. Même difficulté pour les poètes qui doivent coucher sur papier les sentiments qui les déchainent.

Un groupe soudé

Qu’il s’agisse de Vianney, de Denis Flageollet, Ludovic Ballouard, et les autres, l’esprit est bienveillant, croyez moi. Certes ils ne sont pas les mêmes, ont des stratégies parfois différentes, mais partagent le même amour. Et ils ont plaisir à converser, à se retrouver, que cela soit autour d’Ekaterina, ou bien de leur côté, ou encore à Bâle. Le téléphone portable existe aussi. Nous ne retrouvons pas les mêmes logiques de concurrence que dans le reste du monde de l’horlogerie. Plus d’entraide, et davantage de franc-parler.

Ludovic Ballouard - Meteorite (pièce unique)

La liberté de choix

Il est déjà arrivé à certains d’entre eux d’envoyer balader franchement les gens qui pouvaient leur manquer de respect, qu’il s’agisse de particuliers ou de professionnels. L’un d’eux notamment, quand il a vu que celui a qui il avait confié certaines de ses pièces les “bradaient”. Ce qui lui a fait très mal, quand on voit le coeur mis à l’ouvrage. Ils peuvent ainsi se permettre de choisir à qui ils font confiance, et qui sont dignes de ces pièces, comme l’est Ekaterina sans le moindre doute.

Leur indépendance fait que ces hommes ne sont, malgré leur taille, pas prisonniers de l’argent et de pressions financières quelconques. Ils avancent à leur rythme, au gré des envies, du plaisir que leur procure un nouveau projet. Et la beauté, quand on est client de pièces si intimes, est telle la discussion que l’on peut avoir avec un chef étoilé dans un restaurant gastronomique à la fin d’un repas. Le rapport entre un client qui a les yeux qui brillent et son horloger est bien présent. On peut tout connaître des ressorts de l’homme qui prépare la montre d’une vie, avec lequel on peut s’entendre à merveille.

De Bethune - DB25 Milky Way

J’espère avoir réussi à vous transmettre mon ressenti et mon plus grand respect pour cette dynamique, cette lenteur plutôt propre à l’horlogerie indépendante. Il est devenu étrange ce rythme donné à l’horlogerie, cette cadence annuelle effrénée de nouveautés imposées.

Nous pensons au contraire qu’il faut savoir prendre son temps, et ça ils le font à merveille. Aujourd’hui, on ne laisse ni aux gens le temps de digérer une “nouveauté“, ni aux créateurs celui nécessaire à l’inspiration. Une maladie de notre époque, qui favorise le neuf, l’immédiat, et de moins en moins l’authentique et l’intemporel. Shame.

Quel plaisir aujourd’hui de voir des artistes créer sans pression, en prenant le temps de leurs créations. Rome ne s’est pas construite en un jour, les grandes émotions non plus. Une leçon à méditer, un exemple à suivre…

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