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Les femmes de collectionneurs : enquête au plus près des épouses

Les femmes de collectionneurs : enquête au plus près des épouses

J’espère que vous avez remarqué que nous essayons le plus possible d’évoquer l’horlogerie à l’attention des femmes, même quand l’on parle de montres “masculines”. Un clin d’oeil que l’on a plaisir à faire qu’il s’agisse de montres récentes ou vintage. Mais cette fois, nous souhaitions connaître le point de vue de certaines d’entre elles. Un point de vue assez intime. Ne rougissez point à la lecture du mot intime. Nous souhaitons porter l’habit, le temps d’un article, d’une femme de collectionneur. Puisque vous vous doutez bien que vivre avec un homme passionné maladif de montres n’est point chose commune. Enquête.

De quel type de passionnés parle t-on ?

Avant de s’attaquer au coeur du sujet, il est important de bien identifier nos sujets d’étude. Nous parlons ici de femmes de passionnés. Quand j’utilise le mot “passionnés”, je parle avec le coeur, je parle avec les tripes. Je parle de ceux dont le quotidien ne peut se passer d’un rapport quelconque à la montre. Du frisson qui parcourt leur corps quand il en parle, de l’élan de bonheur provoqué par la découverte d’une pièce convoitée.

Femmes de collectionneurs

D’où l’intérêt induit par l’interrogation sur les compagnes de ceux-ci. Puisque à fortiori, si eux possèdent un rapport très soudé avec leurs montres et l’horlogerie, elles doivent aussi en entendre parler, et ont forcément des choses intéressantes à nous raconter.

L’enquête de terrain

Le but a donc été d’aller demander à ces femmes, sur un ton à la foi détendu mais en même temps très sérieux, quelques renseignements sur leurs rapport avec la passion parfois fougueuse de leurs maris. Marie et Marilyn ont accepté de répondre à quelques questions bien précises.

À quel point la passion de votre conjoint est-elle présente dans votre quotidien ?

Avant son petit-déjeuner, il est déjà sur son téléphone portable à arpenter Instagram, les sites de vente et les sites spécialisés, me répond Marie. Pour information nous avons ici à faire à un véritable collectionneur, celui qui à le genre de collection d’une vie à vous faire tourner la tête. Puis tout au long de la journée, le téléphone et le monde qui lui est lié restent à portée de main.
Quand il s’agit de réaliser des tâches à proximité de l’évier, pas question. La montre pourrait s’échapper ou une goutte fourbe pourrait s’introduire dans le boitier.

Marie me dit qu’il ne cesse d’admirer la montre qu’elle porte, plus qu’elle ! Voyons le bon côté des choses, elle ne fait ni partie de sa collection, et il la rassure quand il lui dit que Venus et autre Valjoux et Landeron ne sont que des noms de mouvements.

J’ai aussi sollicité le quotidien de Marilyn, pour avoir le point de vue de la fiancée d’un collectionneur plus jeune. Mais tout aussi maniaque et fou d’Omega. Mais cela ne change en rien son quotidien, du réveil jusqu’au coucher, elle a affaire à son fiancé sur son téléphone sur tous les sites possibles, ou en train d’appeler la terre entière. Mais cela n’empêche en rien, me dit-elle, d’avoir des moments plus tranquilles. Encore heureux.

Avez-vous développé une belle sensibilité au monde de l’horlogerie grâce à lui ?

Belle exception, Marie était déjà sensible à la chose avant de le rencontrer. Sensible à une esthétique, à une montre qui conte une histoire et qui sait se faire discrète. Ce à quoi on ne peut rester indifférents. Elle profite de la belle collection de son mari pour affiner son savoir à ce sujet. Sujet qui créé un lien supplémentaire entre eux, et qui vient apporter des discussions intéressantes ainsi qu’une bonne humeur. Que demander de plus ?

Marie, avec toute la délicatesse que l’on peut prêter à une femme, me donne une phrase qu’elle apprécie particulièrement du neurobiologiste Jean-Pierre Changeux, pour me faire comprendre son point de vue horloger : “L’oeuvre d’art a un mode de communication plus direct que le langage. Parfois elle contribue au repos de l’âme : un bon fauteuil, disait Matisse”. Tout est dit.

Femmes de collectionneurs

Pour Marilyn, cela est un peu différent car elle n’avait pas cette passion pour l’horlogerie au commencement. Mais vivre au quotidien avec lui a égayé sa sensibilité à l’horlogerie, et même si au départ certains modèles ne l’attiraient pas du tout, elle a su remettre en question son point de vue. Habile pour une femme qui arbore fièrement une Seamaster 120.

Avez-vous imposé des limites à cette passion dans votre quotidien ?

Pas besoin. Son Mari est très attentif à ne pas rendre sa passion déraisonnable et intrusive. Et puis, de toute manière, qui pourrait parler d’envahissement pour de simples petites montres qui se rangent partout ? Personne. Par contre, quand ils voyagent et qu’il commence à se mettre “en chasse” comme elle aime qualifier sa quête de la pièce rare, elle préfère tourner les talons et partir “vaquer” à ses occupations. Bien dit.

Le fiancé de Marilyn est plus fougueux encore. Elle a essayé, parfois, de mettre des limites pour éviter à avoir à parler de montres. Mais en vain. Ses pulsions deviennent incontrôlables, surtout quand il trouve une pépite ou quand il est sur une négociation digne d’un sommet tendu aux Nations Unies.

Un belle anecdote à ce sujet ?

Marie à le privilège de pouvoir porter les montres de son mari, qui les lui laisse les porter avec un bail emphytéotique de 99 ans. Ce qui veut dire qu’elle peut en user librement pendant les 99 ans au terme desquels elle devra rendre le bien. “Dieu sait où” me dit-elle.

Mais elle tient aussi à me raconter une gentille “névrose” dans le quotidien de son mari. Tous les lundis sonnent l’heure du changement de montre pour la semaine. Et quand il se rend compte qu’un défaut, même minime, fait son apparition sur le fonctionnement de la montre, une visite chez son docteur montre est immédiate et sans appel, peu importe l’action en cours. Et sans rendez-vous, cela va de soi. Cette montre hebdomadaire, il aime en conter les aventures lors de ses journées, à qui que ce soit. Mais, encore heureux me dit-elle, qu’elle “ne dorme pas entre lui et moi !”.

Femmes de collectionneurs

Marilyn me dit qu’aucune anecdote ne lui vient à l’esprit. Mais l’anecdote me vient directement alors qu’hier, devant mes yeux, son fiancé succombe à l’achat d’une magnifique Seamaster 300 de 1963. Il n’ose pas l’appeler. Il lui envoie un message pour lui dire la chose. Suivi du prix de la montre. Elle lui rétorque “mais tu es fou”. Il essaye depuis en vain de faire passer ça pour un cadeau d’anniversaire. Paix à son âme.

Conclusions

Le quotidien d’une femme de collectionneur n’est donc pas si atroce, tant que l’équilibre est trouvé. Plus facile à dire qu’à faire, certes. Mais quand l’horlogerie devient culture et histoire, comme on aime vous la conter, alors tout est à observer sous l’angle du plaisir et de la connaissance. Même s’il n’est pas exclu et s’il est normal qu’un collectionneur s’emporte parfois quand il est animé par la volonté de trouver le saint graal de la montre, ou qu’un problème sur une montre l’affecte.

Marie a offert à son mari un bel ouvrage que j’ai cité précédemment de Jean-Pierre Changeux, La beauté dans le cerveau, qui résume à merveille l’univers d’un collectionneur, et les ressorts de son esprit par rapport à la collection, qui est une forme d’addiction, dans le sens psychanalytique du terme. Je finirais par cette phrase qu’elle m’a cité de cette publication :

“On sait que les neurones de récompense interviennent dans la conduite du collectionneur, qui, en se répétant, peut échapper au contrôle de la volonté et devenir une addiction.”

Après tout, tant que l’amour que nous vous portons, Mesdames, reste la première addiction, vous pouvez dormir tranquilles…

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