Lorenzo Cifonelli : la très grande classe, sur toute la ligne.

Lorenzo Cifonelli : la très grande classe, sur toute la ligne.

Cifonelli. Il y a de grandes chances pour que ce nom vous soit familier. Rien d’étonnant, il fait ses preuves depuis bien longtemps déjà et résonne à force d’excellence et d’un esprit empreint des plus belles et nobles traditions de l’art tailleur. Nous avons eu le plaisir de passer un long moment avec Lorenzo, arrière petit fils du fondateur et maître Tailleur lui-même aujourd’hui à la tête de l’entreprise familiale avec son cousin Massimo.

Bien évidemment, dans la catégorie homme de goût, il se cache derrière cette célèbre barbe blanche immaculée un amateur de montres éclairé, d’une finesse finalement pas si surprenante. Rencontre.

La Genèse Cifonelli

1880. Rome assiste à la naissance du premier atelier Cifonelli fondé par Giuseppe, l’arrière grand père de Lorenzo. Son fils Arturo part au début du siècle étudier à Londres l’art du tailleur. C’est cette synthèse de la tradition Sartoriale italienne, conjuguée avec le Bespoke Anglais, qui traduit si bien l’esprit unique que l’on porte à Cifonelli. Il ouvrira par la suite son atelier à Paris en 1926. L’atelier que nous connaissons aujourd’hui rue Marbeuf verra lui le jour en 1936.

Parlons peu, parlons bien, parlons de cet atelier. 45 personnes, 90 mains habiles, sans compter celles de Lorenzo et Massimo qui réalisent le miracle à la coupe. Toujours. C’est le plus grand atelier de grande mesure que vous pourrez trouver ici bas. Les deux cousins sont intransigeants avec la qualité, n’y voyez pas cependant de la psychorigidité. Une modernité s’est peu à peu installée dans la coupe et la fabrication, même si cela va de soi que les traditions de l’art tailleur n’ont pas bougé d’un “Inch” (l’unité de mesure utilisée dans leur royaume, hérité de leur grand-père). Le supplément d’âme est ici insufflé par les deux cousins et leur riche héritage. Ce que l’on ressent lorsqu’on glisse une veste sur nos épaules.

Un client qui revient, sans cesse, c’est la magie qui opère. Et ça ne fait pas exception dans l’atelier de Massimo et Lorenzo. Le souci du détail et le contrôle de la qualité à toutes les étapes de la conception du costume permettent de ne laisser aucune chance au hasard, et cela représente un investissement constant et d’une rigueur impressionnante.

Quand je vous parlais de relative “modernité” il y a quelques lignes, le prêt à porter en fait partie. Lancé il y a deux ans, il est le fruit de la collaboration entre l’atelier de grande mesure parisien et le Fashion Designer américain John Vizzone, qui a été en charge des créations Ralph Lauren depuis plus de 25 ans, et qui est, au passage, ami et client de longue date des Cifonelli. What else ?

Questions non-essentielles : Pour mieux connaître Monsieur Cifonelli

S’il ne devait en rester qu’une ?

La question appelle à une réponse immédiate. Sans hésiter la délicate et magnifique Piaget que possédait sa mère. Petit diamètre, sobriété de la boîte en or et vert émeraude profond du cadran. La montre qui vient conclure l’élégance d’une tenue, et se cacher discrètement en dessous la manche d’une chemise et d’un costume. Et qui respire encore le parfum d’une tendre mère.

Mais au-delà de cette pièce, l’amour des belles montres est une constante dans l’esprit de Lorenzo Cifonelli. Depuis ses 17 ans. Cependant, son esprit s’est trop de fois tracassé face à l’image que renvoyait certaines montres, notamment dans les années 90 auprès de certaines personnalités. C’est pourquoi sa première pièce, une certaine Rolex Daytona 6263, ne se voit pas souvent à son poignet. Il aime l’esthétique des pièces simples et sobres, telle une Cartier Santos Dumont. Il ne fonctionne pas à la marque, mais au coup de foudre immédiat que peut faire naître en lui une montre.

Au delà des montres, une autre passion à partager ?

La guitare. Et l’instrument n’est jamais loin. Une vieille Epiphone by Gibson aux frettes marquées d’étoiles et à la table noire rayée  qui témoignent des nombreux airs de folks et de rock qu’elle a connu dans l’atelier, entre Bowie, les Beatles, Led Zeppelin et les Stones. La sympathie et l’estime pour l’homme qui se cache derrière le tailleur s’en sont encore trouvées grandies.

Votre ville préférée ?

Londres pour l’atmosphère qu’elle dégage. L’architecture y est rassurante et fait que je m’y sens bien, et doit probablement faire vibrer la corde familiale du grand père qui y a appris l’art tailleur.

Le plus beau compliment qu’on puisse vous faire ?

“Vous avez bien travaillé”.

Un plat préféré ?

Bucatini All’Amatriciana. Un plat simple qui est né dans la petite ville d’Amatrice, nichée au centre de l’Italie, tout près des Abruzzes. Quelques tomates fraîches, des bucatini (des pâtes longues et creuses) ou des spaghettis (il existe un débat entre le choix des deux pâtes, l’ONU a pris la question en main), du guanciale (viande de porc provenant des joues et bajoues de l’animal), et de l’huile d’olive extra-vierge. Les amateurs y ajoutent souvent de l’oignon. Tout un art culinaire, on ne badine pas avec les plats traditionnels.

Plutôt Chocapic ou Miel Pops ?

Attention : Révélation. C’est dans un éclat de rire que Lorenzo nous avoue son “petit” péché mignon : que sa préférence se porte évidemment côté Chocapics, mais surtout qu’un petit déjeuner ne se passe jamais sans Nesquik ! Et oui, même à 47 ans, alors qu’à ses côtés le matin, femme et filles se délectent d’un thé pour entamer leur matinée.

Une très belle rencontre à la découverte d’un passionné qui a la tête sur les épaules. Derrière ce grand professionnel adulé à juste titre des élégants du monde entier se cache une simplicité rafraîchissante qui fait vraiment du bien.

Un intérêt et une collection de quelques montres à l’image de celui qu’on a pu découvrir : simple, cohérent et diablement élégant… Bravo !


Pour découvrir plus de cet univers : Cifonelli.

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