Montres et étanchéité (Part 1) : avant de plonger dans le Grand Bleu

Montres et étanchéité (Part 1) : avant de plonger dans le Grand Bleu

“Tu sais ce qu’il faut faire pour vivre au milieu des sirènes ?

Tu descends au fond de la mer très loin,

Si loin que le bleu n’existe plus,

Là où le ciel n’est plus qu’un souvenir”

Commencer par les paroles de Jacques Mayol dans Le Grand Bleu pour illustrer nos montres étanches favorites me semble être un bel hommage.

Je ne vous vois pas, mais je ressens déjà votre étonnement. L’étanchéité d’une montre est souvent admise, c’est vrai. Mais en allant plus en “profondeur”, on peut remarquer que la notion est vaste et souvent un grand nombre de nuances et d’idées reçues existent et ne mettent pas toutes les montres sur le même pied d’égalité.

L’histoire de l’étanchéité

Du moment où les montres, même de poche, ont commencé à se faire plus présentes dans les costumes trois pièces des gentlemen ou sur les terrains de batailles des années plus tard, la question de l’étanchéité s’est posée. Mais avant de penser à l’immersion d’une montre, on se pose d’abord la question de la résistance à l’humidité et aux agressions à l’eau que la montre peut subir, venant de la pluie par exemple. Les parties de la montre où l’on se penche alors sont la couronne, les boutons poussoir, le verre et son joint, ainsi que le fond de boîte.

Les pionniers

Par un miracle Lundi matin, j’ai réussi à retrouver un document d’archive un peu spécial. Un bulletin présentant des dépôts de brevets multiples et variés. Et parmi la foule de lignes présentes, on pouvait clairement lire “brevet de quinze ans, 5 mai 1883; Alcide Droz et fils (…) montre imperméable”. Les termes “montre” et “imperméable” parlent d’eux-mêmes. Après quelques recherches supplémentaires, il semble en effet que cette entreprise d’horlogerie soit une pionnière dans une montre “plus ou moins” étanche en travaillant sur la couronne et sur les fonds de boîte.

Une “vraie” montre étanche, et automatique

La fin du XIXe siècle et le début du XXe marquent des périodes importantes pour les recherches sur l’étanchéité des montres bracelet. On note notamment de grandes avancées au début des années 1920. Un nom souvent effacé, celui de Harwood, va pourtant marquer durablement le monde de l’horlogerie. John Harwood, horloger anglais de l’île de Man, voulait éviter aux montres de son époque les tracas de l’humidité, de la poussière, etc.

C’est pourquoi il veut développer une montre “autonome” sans que besoin se ressente de l’ouvrir (donc sans fond indépendant), et sans la couronne et sa tige. Chose faite fin 1923. La véritable première montre à remontage automatique (une forme de bumper), en un seul morceau. Le réglage de l’heure et le remontage manuel se font grâce à la lunette.

(source : www.watchesandart.com)

Puis ensuite, vous connaissez le refrain, viendra l’heure de gloire de la montre Rolex Oyster, de sa couronne vissée, réelle innovation qui permet de garantir une bonne étanchéité de la montre. Illustrée par la traversée de la manche de la nageuse Allemande Mercedes Gleitze (qui, d’ailleurs, ne finira pas totalement sa traversée…).

Par la suite, de nombreuses marques s’osent à la réalisation de montres plus ou moins étanches, pour rester en surface ou bien plonger dans les abysses.

De l’étanchéité de son garde-temps

Revenons à ce qui nous intéresse ici. L’étanchéité d’une montre revient à mesurer son habilité, dans un premier temps, à résister aux expositions à l’eau et à l’humidité dans une utilisation quotidienne. Même si vous décidez de faire une petite brasse dans la rivière environnante. La montre est faite pour résister à une certaine pression de l’eau, indiquée sur son fond de boite ou sur le cadran. Dans un second temps, il y a l’étanchéité d’une montre de plongée, qui répond aussi à des normes internationales, mais plus spécifiques. N’est pas montre de plongée qui veut.

L’étanchéité du quotidien

Le grand saut dans la rivière donc. Mais aussi le lavage de main, les éclaboussures, l’humidité de la cave. Sauf contre indication, ces montres ne supportent pas la pression d’une plongée sous-marine. Pour se faire, des tests sont réalisés une fois la montre assemblée, afin de voir ce qu’elle peut supporter, et si aucune erreur n’a été faite. Mais les tests sont réalisés dans des conditions particulières, bien souvent dans un état statique et des températures froides.

Par conséquent, si on ajoute du mouvement (la force du nageur par exemple), la pression de l’eau sur le boitier changera. Par conséquent, ce n’est pas parce qu’on lit 5 “atmosphères” sur a montre que l’on peut descendre à 50 mètres. Ni plonger dans une piscine, la pression que subirait la montre la détériorait.

L’étanchéité de la montre de plongée

On parle ici de montres qui peuvent supporter environ 20 ATM (atmosphères) minimum. Les montres de ce genre doivent passer d’autres tests, plus poussés. Notamment autour de la luminosité, de la résistance aux chocs, aux champs magnétiques, sans oublier une bonne résistance du bracelet. Pour les plongées en eaux plus profondes, où l’hélium pénètre dans le boitier des montres lors de la décompression en caisson, des valves à hélium sont présentes pour évacuer le gaz, pouvant être nocif pour la montre. Ce n’est pas parce que une montre résiste à 30 atmosphères qu’elle descendra à 300 mètres. Évidemment, une montre vintage, même avec une étanchéité refaite, ne peut plus descendre trop bas…

On ne le dit jamais assez, mais acheter une montre de plongée n’est pas tout. Si vous vous sentez comme un poisson dans l’eau, et partez régulièrement goûter l’iode marin, faire contrôler sa montre, et changer certains joints de temps à autres est plus que recommandé.

Voilà. Si votre montre indique 3 atmosphères, ne dépassez pas le lavage de main, avec eau chaude et savon de Marseille, cela pourrait détériorer votre montre, aussi belle soit-elle…

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