Nivada Chronomaster : quintessence du Chronographe des années 60

Nivada Chronomaster : quintessence du Chronographe des années 60

Plus le temps passe, plus les passionnés et collectionneurs que nous sommes affutent leurs techniques de chasse au trésor et plus la chance de mettre la main sur l’un de ces trésors, justement, s’amenuise. Dans la catégorie très convoitée des chronographes vintage et autres toolwatches qui ont une histoire, les cotes ne cessent d’augmenter et la spéculation prend trop souvent le dessus sur la passion.

Aujourd’hui j’aimerais vous présenter une pièce bien connue des amateurs mais qui aux yeux d’un public plus large n’a pas encore la reconnaissance de ses confrères Omega Speedmaster, Heuer Autavia ou autre Breitling Toptime. Laisser-moi vous présenter le chronographe Nivada Chronomaster. Approchez-vous d’un peu plus près et vous verrez à quel point le “Chronomaster Aviator Sea Diver” possède tous les attributs qui font que nous aimons tant les chronographes des années 60…

Avant tout : Un petit peu d’Histoire

Tout commence dans une petite commune Suisse du canton de Soleure, Granges, Grenchen en Allemand. Nous sommes au milieu des années 1930. Nivada est une petite “Fabrique d’horlogerie”. Il est assez amusant en cherchant dans les archives de contentieux américains, de voir la bataille entre Nivada et Movado. Pour quelle raison ? Movado trouvait le nom “Nivada” trop proche en terme de prononciation. D’où l’ajout de “Grenchen” à Nivada. Si vous entendez aussi souvent parler de “Croton”, ce n’est pas un hasard. Croton était le distributeur de Nivada aux États-Unis, et a parfois apposé son nom sur le cadran ou le mouvement.

Avez-vous déjà entendu parlé de “L’année Géophysique Internationale” ? Elle s’est déroulée de 1957 à 1958, réunissant 67 pays, dans une période de Guerre Froide. La Chine n’y participe pas, Taïwan étant présent. Le but étant de participer à un mélange mondial des sciences de la Terre. On notera par exemple l’envoi par l’URSS du premier satellite artificiel Sputnik I.

Pour célébrer cette fameuse année, Nivada a sorti une montre automatique baptisée “Antarctic”pour équiper l’expédition polaire américaine au nom évocateur “Deep Freeze”. Cette opération était importante pour Nivada dans la mesure ou le pôle sud était encore très peu marqué par l’exploration humaine. Au début des années 1960, Nivada sortira une autre pièce, la Depthomatic, qui sera la première montre à disposer d’un indicateur intégré de profondeur.

1963 signe l’arrivée de la montre que nous attendions tous : la fameuse Chronomaster. Véritable couteau suisse par son nom complet “Chronomaster Aviator Sea Diver”. Une forme d’ode à la période des grandes explorations de cette décennie. À la fois sur la terre, dans les airs, et sous le niveau des océans (200 mètres).

La quintessence du chronographe Sixties

Rien n’est laissé au hasard dans ce chronographe, tout respire bon les petites merveilles du début des années 1960. Il faut se souvenir que le début des années 60 signe un retour important du chronographe, mis en place par différentes fédérations horlogères à la vue du retrait de celui-ci depuis quelques années. Belle initiative, donc. 

Passons à notre motivation du jour. Un cadran noir mat, une boite de 38mm en acier avec des cornes très fines et joliment dessinées, une large lunette noire très utile. Les poussoirs sont ronds. Mais la spécificité du cadran n’est que d’être noir mat, vous vous en doutez. L’aiguille “Broad arrow” des heures et Dauphine des minutes ne nous laissent toujours pas indifférents tout comme le rouge de la fonction régate, affichée dans le sous compteur du totalisateur du chronographe à trois heures. Un tachymètre est aussi présent à l’intérieur du boitier, sur les extrémités du cadran.

Cette lunette, parlons-en. Une largeur qui donne une véritable identité et présence à cette Nivada. Mais pas uniquement. Les yeux agiles de nos lecteurs pourront remarquer la double échelle qui y est apposée. À l’intérieur, une graduation de 12 heures, pour permettre une fonction GMT à la pièce, à la manière de la Rolex Gmt-Master quelques années auparavant. Vers l’extérieur, la graduation des 60 minutes, afin d’utiliser le chronographe à sa juste fonction.

Évidemment, on peut trouver d’autres inscriptions sur le cadran, comme “Croton Nivada” ou encore “Croton”. Principalement aux États-Unis.

La montre que nous présentons fait partie des premiers modèles produits, car il y en aura bien d’autres, aux nuances différentes, comme les aiguilles, la couleur des sous compteurs…et le mouvement. On remarque les plus gros changements après 1970, où les aiguilles ne sont plus Broad Arrow, et les mouvements souvent Valjoux 7733. Moins bien mais ça reste mignon.

Le coeur de cette Chronomaster

Le mouvement le plus répandu dans les premiers modèles de Chronomaster n’est autre que le Valjoux 92. Ces calibres provenaient de l’entreprise Ébauches SA car Nivada ne les fabriquait pas directement. La roue à colonnes est maîtresse du mouvement. On peut toutefois trouver d’autres Chronomaster avec un mouvement plus perfectionné et mieux construits qu’est le Valjoux 23. On le retrouve chez certaines grosses références Heuer de l’époque. On rencontre également certains mouvements ne présentant pas la roue à colonnes comme le Landeron 248 ou encore le Venus 210.

Voilà. Vous comprenez à présent tout l’attrait fait à ce chronographe mythique des années 1960, qui revient aujourd’hui en force. De nombreux codes qui nous plaisent, et qui définissent une réussite horlogère. Elle continuera, je l’espère, d’habiller délicatement les poignets des aventuriers, moins explorateurs certes, mais tout aussi méritants d’avoir une si belle pièce à contempler chaque jour.

partager cet article

Quitter la version mobile
Quitter la version mobile