Horlogerie, passions & stratégies : Les leçons du 27ème SIHH

Horlogerie, passions & stratégies : Les leçons du 27ème SIHH

Cette édition 2017 du Salon International de la Haute Horlogerie s’achève déjà, avec cette année encore de belles découvertes, quelques déceptions mais surtout de belles rencontres, de nombreuses retrouvailles et beaucoup de fatigue.

Les tendances actuelles, qu’il s’agisse de celles d’une industrie qui tente de réagir face à certains éléments conjoncturels ou surtout de véritables remises en question des “consommateurs”, sont bien palpables. Voici aujourd’hui un condensé de nos ressentis après ces quelques jours très intenses passés comme chaque année au coeur des nouveautés et des passionnés, mais aussi des stratégies de développement et des prises de positions fortes.

La remise en question… ou pas.

Cela fait quelques temps déjà qu’une mutation  s’est amorcée. Que l’on soit amateur de scénario catastrophe, acteur ou simple observateur, on ne peut aujourd’hui l’ignorer. Même si l’avancée des technologies du digital et du numérique accélère très certainement les changements de comportements des nouvelles générations à séduire, la montre connectée ne peut pas être tenue comme seul et unique responsable, soyons sérieux.

Si l’on prend en exemple les 10 dernières années d’une industrie horlogère qui n’a cessé d’avoir le vent en poupe, on y constate de fortes croissances, souvent à deux chiffres, ainsi qu’une forte augmentation des prix. Un problème ? Pas forcément, tant que la valeur marchande de l’objet convoité restait accessible (avec quelques efforts bien sûr) à l’homme ou à la femme “médian” qui gagne convenablement sa vie. Cette affirmation s’est largement amenuisée ces dernières années. Sans vouloir faire de protectionnisme ou de chauvinisme de bas-étage, je pense sincèrement que nombre d’entre nous ce sont fatigués de voir certaines icônes de marques historiques ne devenir accessibles qu’à de riches touristes de passage et devenir hors de portée… mais je vais y revenir.

La réaction d’un marché français, pour ne citer que celui-ci, ne s’est pas faite attendre longtemps : plusieurs attentats et le décret de lois anti-cadeaux en Chine (comprendre anti-corruption) auront suffi à faire chuter des croissances que certains semblaient acquises à jamais. Et oui…

La reconquête des marchés régionaux

A la manière d’un être aimé qui aurait été délaissé par sa moitié pour un amant exotique, plus jeune et plus riche, certains marchés, notamment régionaux, se sont sentis trahis. C’est très facilement compréhensible lorsqu’on observe deux phénomènes stratégiques des 10 dernières années : Des collections qui ont évolué pour ne séduire presque exclusivement que des marchés arabes, russes, asiatiques ou américains alors porteurs , et la multiplication des flagship stores luxueux dans toutes les capitales économiques et touristiques du monde, au détriment de plus petits détaillants souvent fidèles depuis plusieurs décennies…

Face à cette nouvelle donne, tout le monde ne réagit pas de la même manière. La réaction la plus logique et  la plus saine est selon nous celle adoptée par des marques comme Jaeger LeCoultre ou Girard-Perregaux,  qui consiste à introduire un type de nouveauté longtemps négligée : Le beau et l’ « accessible ». Lauréato 38mm et un très beau World Timer chez GP,  une nouvelle collection Master Control chez Jaeger LeCoultre, autant d’offres bien positionnées en terme de prix, et qui même par l’ouverture de leurs boîtes, semblent faire preuve d’une certaine humilité qui s’était faite discrète.

La preuve d’amour : refaire naître l’émotion & la confiance

Une émotion et une confiance qui ne sont pas mortes, fort heureusement.

Le tableau n’est pas si noir ne vous inquiétez pas. Même si bien évidemment toutes les Maisons ne peuvent pas produire de pièces accessibles de par leur nature même, elles nous font encore rêver. Je pense surtout à Vacheron Constantin et A. Lange & Söhne qui naviguent dans les hautes sphères de la très haute horlogerie et ne nous déçoivent pas. Proportions, réflexion, exécution, réalisation… tout y est.  Il est certain qu’en présentant presque exclusivement des pièces uniques, tourbillons et autres quantièmes perpétuels, on ne fait pas exactement dans le « mass market ». Tant pis, vous dirais-je, car lorsque c’est aussi beau, on oublie vite tous les autres défauts.

Des tendances à suivre qui risquent de s’accentuer tant la mutation en cours est loin d’être terminée.

Je ne pense pas que nous, consommateurs, soyons rancuniers, au contraire. Je crois même que nous sommes encore  très amoureux. Même si certains ont été blessés ces dernières années nous restons avant tout des êtres humains passionnés à la recherche d’un geste, d’un sourire et d’un regard porteur du « je t’aime » tant attendu.

Si vous voulez mon avis, cette édition 2017 du SIHH ressemblait assez sérieusement à  une première  vraie tentative depuis  bien longtemps, de faire raisonner les mots doux. Il n’est jamais trop tard…

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