Universal Genève : Au coeur de l’innovation

Universal Genève : Au coeur de l’innovation

L’horlogerie, comme j’aime à la conter, n’est pas qu’une histoire de montres, mais aussi de vies singulières, d’hommes et de femmes qui dévouent corps et âme pour donner un souffle de vie à leurs projets. L’histoire d’Universal Genève est à cet égard riche en hommes et évènements indissociables des pièces manufacturées.

Le Locle ne s’arrête pas à son magnifique patrimoine urbain, à son merveilleux Hotel de Ville décoré par Ernest Biéler, au Château des monts qui accueille des expositions sur l’histoire de l’horlogerie. Les deux créateurs d’Universal Genève, Numa Emile Descombes et Ulysse Georges Perret, sont des Loclois de pure souche, nés dans les années 1860. Et ce n’est que le commencement…

Universal Genève : une manufacture pionnière

Janvier 1894. Nos deux amis Loclois fondent la manufacture “Universal Watch” au Locle. Dès leurs débuts au Locle, la création de pièces innovantes est déjà au centre des préoccupations. Cette même année 1894, l’idée était déjà de déposer un brevet pour une montre avec indication des 24 heures. Premier écueil pour la petite entreprise, Numa Emile décède en 1897 et tous les avancements et brevets sont dorénavant confiés à Ulysse Perret et Louis-Edouard Berthoud.

Ce qui captive de plus en plus l’attention des hommes qui ont construit cette manufacture, est la maitrise des chronographes. A la fin du XXème siècle déjà la manufacture produisait quelques chronographes avec totalisateur de 30 minutes. Du bon vieux Mono-poussoir comme on les aime. Mais si, vous voyez, ces belles montres au cadran émaillé, où les chiffres et sous cadrans sont peints à la main, avec des cornes très fines. Des témoins exceptionnels de l’évolution du chronographe.

La rapide expansion de la petite manufacture du Locle, ainsi que sa popularité grimpante en Europe et aux États-Unis entraînent une délocalisation des activités vers Genève en 1919, afin de pouvoir se développer pleinement. Pour “célébrer” ces changements, la recherche et développement travaille dur afin de proposer  le premier calibre automatique avec butoirs “Auto-Rem”. Sorti de la manufacture Universal en 1925 : deux brevets internationaux sont déposés. La mort de Georges Perret, et la reprise de l’entreprise par son fils et de nouveaux investisseurs entraine le changement de nom vers “Universal Watch co. Genève”. On commence à prendre nos marques.

Universal Geneve et la folle aventure des chronographes

Tout vient à point à qui sait attendre. Mesdames, Messieurs, les chronographes qui déchainent encore les passions aujourd’hui sont apparus en 1934. Le fameux chronographe “Compur” à deux boutons poussoir, qui présente un mouvement à roue à colonnes. Petite seconde à neuf heures et totalisateur de 45 minutes au menu…Son frère le Compax apparaît en 1935, avec un totalisateur de 30 minutes et de 12 heures.

Il faudra attendre 1944 pour voir l’apparition du Tri-Compax, chronographe à trois sous compteurs (plus une phase de Lune). Sans nier que chacun veut aujourd’hui pouvoir l’apprécier dans sa collection. Quel lancement pour les cinquante années de la création de la manufacture ! Comment résumer cette pièce ? Un calendrier triple date et phase de Lune, avec les fonctions du Compax. Une pièce formidable et hors du temps, que l’on voit avec des patines extraordinaires aujourd’hui.

Universal Polerouter : le choix de l’aviation

Je vous avais mis en garde, Universal Geneve, c’est l’histoire du manufacture pionnière !

Le 15 novembre 1954 a eu lieu le premier vol commercial à passer au-dessus du pôle nord, afin de réaliser le voyage Copenhague – Los Angeles. Universal Geneve fournissait des montres  automatiques pour les pilotes du Scandinavian Airline System (SAS)  qui se préparait depuis un moment à réaliser ces vols commerciaux.

C’est pourquoi au printemps 1954, Universal présentait sa « Polarouter » (non, il n’y a pas de faute de frappe, le nom changera rapidement). Vous comprenez mieux désormais. J’ajouterais qu’elle a été imaginée par Gerald Genta. Pour notre plus grand bonheur avec un mouvement micro-rotor, aussi. D’autres questions ?

Le must est de posséder le bracelet Gay Frères qui va avec, estampillé Universal, qu’il n’est pas commun de trouver. Gay Frères a produit quelques bracelets pour les grands noms de l’horlogerie suisse. Il y a aussi plusieurs versions de Polerouter, certaines sans secteurs à l’intérieur du cadran, d’autres avec le cadran noir laqué “Gilt”. Notre coeur balance.

D’ailleurs, nous en possédons une de choix sur notre Shop Joseph Bonnie. On a cherché et trouvé la merveille signée Polerouter. Un cadran laqué d’un éclat exceptionnel, un boitier fin et en état parfait. Le mouvement microrotor bat comme aux premiers instants. Le bracelet Gay Frères vient avec, une valeur ajoutée non négligeable…

Universal Geneve bataille sur tous les fronts : du mécanique au quartz

Universal, il faut aussi l’évoquer, n’a pas perdu totalement la face lors de cette fameuse et grave crise du quartz. Elle a su combiner ce qui a fait son succès, tout en y associant des montres quartz. 1963. La foire de Bâle est une occasion pour Universal de présenter son modèle phare : la Polerouter. Néanmoins un léger changement est introduit : un mouvement quartz. D’où son nom de Polerouter Electric.

Une autre innovation apparait en 1968 : la montre à régulateur de fréquence par diapason “Tuning Unisonic” qui se fera avec l’aide de Bulova. Vous vous doutez de la raison…Bulova Accutron, ça vous parle ? Lors de la foire de Bâle de 1975, Universal présentera son Calibre 74 à quartz. Le calibre le plus plat du monde de ce genre, tout en douceur…

La pérennité d’Universal Geneve

La crise du quartz aura quand même fragilisé la belle manufacture, rachetée en 1989 par le holding Stelux, basé à Hong-Kong. Le quartier général d’Universal se trouve toujours à Genève, et la marque tente de perpétuer l’esprit Universal. En y incorporant toutefois une touche plus moderne. On retrouve les mouvements qui ont fait la renommée internationale d’Universal Genève, tel le mouvement microrotor UG 100.

Une chose m’attriste cependant : bien que ces mouvements fassent toujours autant résonner le savoir faire et l’histoire formidable d’une manufacture qui a eu une vie passionnante, leur design n’a, pour ma part, plus le supplément d’âme attendu lorsqu’on l’associe à un tel nom. Universal pourrait, au vu de leur histoire et surtout de la côte et du succès des pièces d’époque, largement se permettre de donner un nouveau souffle en ré-éditant leurs pièces iconiques…Ça ne serait pas volé.

En tous cas, l’histoire de cette manufacture née en 1894, a été influencée par des hommes formidables, autant dans leur méthodes de fonctionnement que dans leur créativité. Une marque qui a laissé des modèles iconiques sur les poignets des amateurs et passionnés, par leur formes et proportions parfaites qui ne nous laisseront plus jamais indifférents.

Je pense notamment à Joseph, l’origine de  la naissance de  Joseph Bonnie, et grand père de Gabriel que vous connaissez. Il ne quittait jamais son chronographe Universal avant de le transmettre à son fils. Pour ma part, je regarde l’heure sur ma Polerouter avec passion et une once de nostalgie. J’ai foi en l’avenir d’Universal, qui pourrait bien, je l’espère, nous étonner comme elle l’a déjà fait.

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