Rado HyperChrome chronograph : le cinquième élément

Nous pourrions qualifier Rado et ses têtes pensantes d’alchimistes et de chercheurs invétérés tant ces derniers travaillent la céramique “high-tech”, le Ceramos (métal dur), le diamant et le verre saphir mieux que quiconque. Au passage : Oui, il transforment aussi ces matériaux bruts en montres.

“Rado HyperChrome Automatic Chronograph”. J’ai l’impression en prononçant ces mots que je vais voir surgir de nulle part le croisement entre un Tank et un avion furtif. Pas loin, il s’agit d’une montre qui présente une grande recherche sur ses matériaux.

Rado et la maîtrise des éléments

Si la marque existe depuis 1917, au départ sous le nom “Schlup & Co” qui produisait une très grande quantité de mouvements, on retient son décollage post Seconde Guerre Mondiale quand elle s’internationalise vraiment. En 1962, sort la DiaStar1 : une icône est née. La montre a été pensée et produite pour être inrayable. C’est à partir de ce moment que la manufacture développe un fort pôle de recherche et développement et les innovations s’enchaînent.

En effet, lorsqu’on pense Rado, on pense céramique et ce n’est pas sans raison. ils furent les premiers à l’introduire en horlogerie et l’appellent “Céramique de haute technologie”. Tout commence avec de la poudre d’oxyde de zirconium, que l’on mélange à des pigments et d’autres substances. Le composé est prêt à être injecté à chaud et sous une pression de 1000 bars, dans un moule spécifique. C’est à partir de cette composition que l’on fabrique un boitier en céramique injecté.

Vous pensez en avoir fini ? Pas encore… On obtient un boitier fritté en céramique qui gagne en densité, en resistance et en poids. On assiste ainsi à une réduction de 30% de la masse par rapport au boitier précédent, pour atteindre sa dureté finale. Quelques opérations de polissage plus tard, et le boitier prend vie.

Sur certains modèles, c’est le métal dur, appelé “Ceramos”, et qui suit des procédés aussi complexes que la céramique pour prendre sa forme finale. Sur d’autres, comme la V10K, des pièces avec revêtement “Diamant” sont intégrées grâce à un procédé complexe où la pièce est chauffée à 800° dans un nuage gazeux de méthane et d’hydrogène. Résultat final : 50 fois la dureté du métal. Chuck Norris serait fier.

Pour sceller la montre, même la glace saphir d’un traitement assez exceptionnel. 50 traitements en réalité, elle est découpée à l’aide de scies diamantées, puis métallisée par évaporation de chrome sous vide. Je n’avais donc pas tort, cette montre est un véritable ovni, concentré de technologies et de matières high-tech.

La Rado HyperChrome Automatic Chronograph : mystérieuse

Toute cette technologie se concentre au sein de cette montre. Au premier coup d’oeil la montre est simple, le cadran n’est pas chargé, un aspect “lisse” et mystérieux et moderne s’en dégage. Vient s’y ajouter la froideur du revêtement de la céramique. Définitivement un électron libre dans un paysage horloger qui peine parfois à se renouveler.

Si le cadran n’est pas surchargé, c’est dû à une bonne maîtrise des complications. Le chronographe possède ses deux compteurs, un à neuf heures pour totaliser les 30 minutes, et un à six heures pour totaliser les 12 heures du chrono. On remarque que dans ces sous-cadrans, tout comme dans la petite seconde à trois heures, il n’y a qu’un chiffre présent, en blanc, à midi. C’est ce qui donne cette impression de légèreté et de mystère à cette montre. qui ne nuit en rien à la lisibilité de la pièce.

Une petite date avec ses chiffres blancs vient subtilement se glisser à seize heures. Le tout est cerclé par une échelle des minutes façon “railroad” blanche et des index métal et blanc avec un recêtement SuperLuminova, (qui aurait pu gagner à être un brin plus puissant) aux extrémités. Cet ensemble se fond à merveille sur le cadran noir métallisé. Une belle pureté donc, dans l’esprit de la marque et des matériaux utilisés.

Le coeur de cette Rado HyperChrome

La montre est animée par un calibre ETA 2894, retravaillé par Rado directement. On peut admirer le mouvement par une glace Saphir au dos, et c’est assez agréable pour l’oeil car il a reçu un beau perlage (décor du mouvement avec de petits cercles qui empiètent les uns sur les autres) et la masse oscillante est personnalisée par une découpe qui reprend la forme de l’ancre Rado.

Le chronographe est bien intégré dans la montre, nous l’avons dit. Un seul petit bémol cependant se rapporte à la dureté des boutons poussoirs. Le chronographe gagnerait à être plus doux lorsqu’on actionne les poussoirs. Rien de dramatique qui ne puisse être réglé.

Le très bon point de cette pièce, cependant est que l’on peut à la fois la porter en toute sobriété avec son costume, ou lors d’un running dominical au parc voisin. Même si à l’oeil l’aspect du bracelet vous fait peur pour partir courir, n’ayez crainte, il est d’une douceur et même d’une “onctuosité” sans égal ! Cela est dû au traitement de la céramique high-tech qui prend la température de votre corps et ne bouillonne pas en plein été.  Malgré ses 45mm de diamètre, une belle finesse et une belle sobriété au poignet.

De la pureté, de la sobriété, du mystère, de la fonctionnalité et des matériaux high-tech, cette Rado HyperChrome automatique est une belle pièce agréable au poignet. Il faudra tout de même débourser coquin billet de 4000€ pour pouvoir se la procurer. Not Cheap, but a lot of watch.

En conclusion :

• Mouvement : ETA 2894, automatique
• Boîtier : céramique haute technologie et polie
• Dimensions : 45mm
• Glace et fond de boîte : verre saphir et fond vissé en céramique
• Cadran : noir, index chromés
• Etanchéité : 10 bar (100 m)
• Aiguilles : chromée avec Super Luminova blanc
• Bracelet : céramique de haute technologie
• Boucle : déployante en acier inoxydable avec traitement de durcissement
• Prix : 4020€