Rencontre avec Romain Réa, expert horloger Parisien et “Watchman” du Cinéma Français !
Pénétrer au sein d’une boutique de montres anciennes est toujours une expérience particulière. Lieu intimiste et très personnel, il reflète très souvent la personnalité de son propriétaire et créateur.
Ces quelques jours avant la vente aux enchères de montres Panerai “Panerai Only” que nous nous sommes rendus chez Romain Réa au 26 Rue du Bac dans le 7ème arrondissement de Paris pour en savoir plus sur cet expert horloger qui se passionne depuis son plus jeune âge pour le monde de l’horlogerie.
Retour sur une rencontre passionnante agrémentée de photos d’ambiance et de très très beaux garde-temps…
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Romain Réa, bonjour, vous avez une boutique bien connue des amateurs et collectionneurs. Vous êtes également expert auprès de la Cour d’appel de Paris et êtes le seul expert horloger reconnu par l’Union Française des Experts. Ainsi, vous travaillez régulièrement avec les maisons de ventes et les tribunaux.
Vous collaborez directement avec plusieurs maisons de ventes dont Artcurial, (leader en horlogerie sur le marché français des enchères) avec qui vous avez créé un département horlogerie et organisé plusieurs ventes thématiques dont une vente pour les 170 ans de Jaeger Lecoultre ou encore une vente Rolex ou même Lip. Vous êtes également expert pour plusieurs marques dont Jaeger Lecoultre, Vacheron Constantin…
Vous avez collaboré à de nombreux ouvrages et vous conseillez également le cinéma où vous avez apporté votre regard technique et historique à plusieurs tournages.
Les Rhabilleurs : D’où vous vient la passion des montres ? Quel type de montres préférez vous ?
Romain Réa : J’ai contracté la passion des montres il y a maintenant 25 ans. J’étais plutôt destiné à l’aéronautique. J’ai donc naturellement commencé par vouloir avoir un chronographe ayant appartenu à un pilote ou du type Navitimer. La passion ne m’a jamais quitté.
Je suis avant tout un collectionneur dans l’âme. J’ai fait de ma passion un métier. J’ai commencé aux puces en 1993 et j’ai démarré en vendant ma collection. J’ai d’ailleurs toujours un stand au marché Dauphine. J’ai toujours une passion pour les chronographes en acier avec deux ou trois compteurs.
LR : Comment vous êtes vous formé au métier d’expert ?
RR : Un confrère expert en bijoux et un ami commissaire priseur m’ont conseillé de m’orienter vers l’expertise. L’idée d’ajouter une activité d’expertise à celle de ma boutique m’a séduite, d’autant plus que le milieu des enchères m’attirait.
J’aime cette atmosphère fascinante où l’on est un peu comme au théâtre. J’ai donc passé un examen avec l’Union Française des Experts. J’ai rédigé un mémoire sur l’horlogerie du XIXe à nos jours. J’ai ensuite passé un oral devant un jury d’experts et de commissaires priseurs. J’ai aujourd’hui un domaine d’expertise plus large mais cet examen me permet aussi d’apporter un plus dans la relation de confiance que j’entretiens avec mes clients et les commissaires priseurs.
LR : Vous avez organisé des ventes thématiques (Jaeger Lecoultre, Lip, Rolex) avec Artcurial, comment réussit-on à réunir toutes ces pièces pour une vente ?
RR : Pour la vente Panerai, il y a une collection principale d’une quinzaine de pièces et le reste provient de collectionneurs et de particuliers. En général on commence avec un réseau de collectionneurs que je contacte en prévision de la vente afin de constituer une base. Si la base est suffisamment solide, on décide de faire la vente et de faire un appel aux lots. On prépare donc une vente comme celle-ci un à deux ans à l’avance.
Pour les ventes non thématiques la préparation est plus courte, il faut en général travailler 5 mois avant la clôture du catalogue.
LR : Comment conciliez vous votre activité entre le vente de montres neuves, d’occasion, le conseil et l’expertise ?
RR : Ça a été un souci dans la fin des années 90, on appelait les experts ayant une boutique, les experts à double casquette. Aujourd’hui, cela parait compliqué de ne pas concilier les deux car un bon expert est aussi un bon commerçant et vice et versa. Il y a aussi une relation de transparence avec mes clients.
Le client a toujours le choix du moyen à employer pour vendre sa montre. Il décide s’il préfère vendre aux enchères, en boutique… Il y a donc ce qu’on pourrait appeler un « service plus », un rôle de conseil. De plus, le client peut aussi tout à fait faire le choix de vendre aux enchères et de me confier par la suite la montre si celle ci ne s’est pas vendue par ce biais.
LR : Vous avez collaborer avec certains réalisateurs, quel a été votre rôle ?
RR : Pour les premiers films sur lesquels j’ai travaillé, on me confiait le scénario et j’étudiais les personnages. En fonction de cela je proposais entre 3 et 5 montres aux comédiens. Un des premiers films où j’ai équipé tout le monde fut Ronin. Pour l’anecdote, Robert de Niro qui faisait parti du tournage a d’ailleurs voulu conserver la montre. Il s’agissait d’un chronographe Jardur des années 50.
Dans la mesure où il s’agissait d’une grosse production, ils avaient un budget dédié pour cela. J’étais le “Watchman”. Ils voulaient vraiment faire de la montre sur mesure pour les personnages et pas juste travailler avec une marque.
A partir de là, j’ai pu participer à d’autres productions, françaises et étrangères. Il y a de plus en plus d’amateurs d’horlogerie et les productions veulent éviter de faire un anachronisme ou une faute par rapport à ce que devrait porter le personnage.
On travaille beaucoup avec Luc Besson et Europacorp. On a par exemple collaboré avec eux pour une pub qu’ils produisent avec Sharon Stones qui sortira lors du premier trimestre 2015 ou pour Malavita où l’on a notamment fourni la Memovox que porte R. de Niro dans le film. On oriente donc les choix. Pour un film, on nous demande toujours de fournir deux montres identiques afin de pouvoir parer à toute éventualité de perte, vol, casse…
LR : Cela vous a t-il permis de développer une clientèle de comédiens ?
RR : Bien sûr, on a de nombreux comédiens et chanteurs qui viennent à la boutique. C’est une clientèle fidèle. On a en revanche peu de sportifs qui s’orientent moins vers des montres de collection mais d’avantage vers les montres neuves.
LR : Enfin, vous portez aujourd’hui une Tudor de la Marine Nationale mais s’il ne devait y avoir qu’une seule montre ?
RR : Pendant longtemps j’aurais répondu une Patek Philippe référence 1463 en acier. Aujourd’hui, je crois que ma montre préférée est le Chronograph Air Command de chez Blancpain…
TUDOR Submariner Marine Nationale
Patek Philippe référence 1463 en acier
Blancpain Chronograph Air Command
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Les Rhabilleurs tiennent à remercier Romain Réa pour nous avoir accordé cet entretien. Vous pouvez consulter le site internet de sa boutique en cliquant ici !