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Zenith El Primero : premier de la classe ?

Zenith El Primero : premier de la classe ?

Cette nuit, j’ai rêvé El Primero. Je pense, je vis, je rêve montre, légère névrose me direz-vous avec raison. Mais ce rêve n’était pas totalement inutile, dans la mesure où dans la longue série de montres icônes et légendes de ce vaste monde, je n’avais pas encore évoqué une montre qui a une place au panthéon des grandes pièces. “Aux grandes montres, la patrie reconnaissante”. Chacun a entendu parlé de près ou de loin de ce célèbre chronographe de la manufacture Zenith, en sachant plus ou moins son histoire mouvementée, son grand nombre d’alternances…

Zenith El Primero 1970 Calibre 3019 Ref.A386

Aux origines

Les années 1960 marquent une période de richesse historique forte. Des projets américains de mettre un pied sur la lune, aux groupes de musiques tous plus impressionnants entre eux (pensée émue pour The Jimi Hendrix Experience et les débuts difficiles de Janis Joplin). Parmi ce dynamisme, Zénith voudrait fêter dignement son centième anniversaire en créant un nouveau mouvement, le premier mouvement de chronographe à remontage automatique. Rien que ça…

C’est un grand défi, sachant que la crise du quartz se profile, et rend difficile une nouvelle approche mécanique. Finalement, le mouvement ne sera pas prêt pour 1965, mais les équipes de Zénith préfèrent prendre leur temps et avoir un rendu parfait. Quelques problèmes techniques plus tard, à savoir le type d’huile utilisé, et le type d’échappement, en Janvier 1969 une nouvelle page de l’histoire de Zénith est inaugurée. La présentation est un succès, les amateurs et journalistes sont épatés des 36.000 alternances, qui donnent une grande précision à la montre pour le chronométrage en particulier.

Au-delà de ce nouveau mouvement automatique de chronographe à roue à colonnes, l’esthétique même de la montre évolue. Trois sous-cadrans, pour trois couleurs différentes : gris (les secondes), gris anthracite (pour le totalisateur des minutes du chronographe) et bleu (les heures du chronographe).

Le El-Primero, qu’est-ce que c’est ?

Je vous parle vaguement d’un mouvement de chronographe à remontage automatique, à haute fréquence, mais laissez moi vous présenter un peu plus précisément “la bête”. Développer le premier mouvement de chronographe automatique pose de nombreux problème. Il ne s’agit pas de rajouter une masse oscillante et de faire fonctionner le tout. Il faut également penser à l’épaisseur de la montre. Le problème de la haute fréquence, est une histoire de frottements. Pour faire simple, les huiles utilisées pour l’échappement (qui fonctionne plus vite qu’à l’ordinaire) sont projetées sur d’autres organes de la montre (le spiral par exemple) et peuvent en endommager le fonctionnement. Il faut donc rechercher et développer des huiles différentes, et concevoir un nouvel échappement. C’est pour ces raisons bien précises que la montre n’a pu voir le jour en 1965 mais seulement en 1969.

Movado Datron

J’ajouterai un dernier point. On parle souvent de Movado comme ayant conçu le mouvement El Primero, qui apparaitra notamment avec le nom “Datron” chez Movado. La réalité est que les deux marques le commercialisent en 1969, et Movado en particulier aux États-Unis où Zenith n’a pas grande influence. Movado travaillait en même temps que Zenith sur les mouvements haute fréquence, ainsi que HEUER et Seiko d’ailleurs qui en réclament la primeure, si non la paternité. Comme nous l’avons vu précedemment, la conception d’un nouvel échappement ainsi que de nouvelles huiles est purement sorti des ateliers Zenith, sans Movado. Ce calibre el Primero, bien qu’exploité par Movado, a donc bien été conçu par Zenith. Respect.

La crise du quartz et Charles Vermot

Peu d’entre vous on entendu parler de Charles Vermot. Un héros ordinaire qui changera le cours des choses par la suite. Pour quelle raison ? La partie américaine de la propriété de Zénith ne souhaitent pas continuer la fabrication des mouvements mécaniques pour profiter de la manne offerte par le quartz. La décision est donnée de détruire tous les mouvements mécaniques non terminés ainsi que les outils et pièces qui servent à les monter.

Charles Vermot

Le rôle de Charles Vermot est alors crucial, dans la mesure où il va cacher et ranger précieusement certains mouvements, ainsi que toutes les ébauches et papiers permettant la conception du mouvement. Quand en 1978 les américains décident de quitter la direction de Zenith, le retour au mécanique est immédiat, les passionnés comme les horlogers jouant un grand rôle en cela. Sans oublier Charles Vermot qui ressort de l’ombre tout ce qui permet l’élaboration des mouvements El Primero. Alors, certaines grandes manufacture, comme Rolex, songent à équiper leurs chronographe du mouvement El Primero, Daytona quand tu nous tient…

La pérennité El Primero

Zenith El Primero Chronographe Striking Second avec Corthay

Par la suite, l’évolution du célèbre El Primero sera grande. Le premier changement tiendra principalement à un changement de coquille pour le mouvement. On entend souvent parler des modèle De Luca et Rainbow, arrivés à la fin des années 1980 et au début des années 1990, qui n’ont plus le cadran originel et une boîte différente, pour habiller le mouvement légendaire. Puis des complications apparaissent. Horlogères, évidemment…L’apparition au milieu des années 1990 d’un chronographe fly-back ravive les passionnés ainsi que les pilotes de l’armée de l’air française. Par la suite, le travail du cadran et du mouvement permettra la visibilité du coeur de la montre.

Puis toutes les complications possibles s’appliqueront à la base parfaite qu’est le El Primero. Du tourbillon, aux répétitions minutes, en passant par la fameuse striking 10th, qui mesure les 10ème de seconde. Le El Primero vit en quelques sorte avec son temps, en alliant modernité et histoire, en utilisant des matériaux différents en fonction des complications.

L’histoire tumultueuse du El Primero a donc réussi à le hisser au rang d’icône et de montre de légende. Le mouvement a su s’adapter à son temps et vaincre les menaces du quartz, en voyant se greffer à lui certaines complications et de nouveaux matériaux plus résistants. Pour ma part je reste encore sous le charme du premier modèle, et de ses sous-cadrans colorés. Une montre que le temps n’altère pas, aux belles proportions, qui n’est que plaisir au poignet.

Après, d’apporter une réponse à l’éternelle question de savoir qui de Zenith, Heuer ou Seiko fut le premier à concevoir un mouvement chronographe mécanique à remontage automatique… tel n’est pas le sujet d’aujourd’hui. J’irai même jusqu’à vous demander : “est-ce vraiment important” ? Qu’il s’agisse du El Primero, du Calibre 11 ou du 6139, 3 calibres qui ont ouvert la voie, 3 légendes qui ont leur place au sein de toute collection, et surtout fièrement arboré à nos poignets !

Zenith El Primero - wrist


3 réponses à “Zenith El Primero : premier de la classe ?”

  1. Anonyme dit :

    Excellent article!! ????????????????????????

  2. Charles-Hadrien Vinault dit :

    Un superbe article et de très belles photos comme d’habitude. Juste bravo!

  3. Anonyme dit :

    Discrète la dernière photo!

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