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Bugatti L'exceptionnel(le) naît à Molsheim

Ce contenu a été mis à jour le 29/05/2020

Il s’agit probablement d’un de nos plus beaux souvenirs automobile. Il y a un an et demi, nous partions pour Molsheim comprendre et toucher l’univers Bugatti. Un voyage exceptionnel au coeur d’un constructeur hors du commun que nous avons décidé de partager à nouveau avec vous aujourd’hui.

Molsheim nous accueille avec un soleil doré, et le ciel d’un bleu calme et frais. L’autre accueil chaleureux mais un peu plus bruyant est celui d’une Bugatti Chiron à l’essai et de ses 16 cylindres en W qui chantent dans les tours. Nous sommes bien arrivés sur les lieux de l’atelier de fabrication Bugatti. Un lieu qui recèle bon nombre de secrets, mais qui est avant tout la démonstration d’un savoir-faire exceptionnel et d’une histoire qui vit encore sur les routes du monde entier entre les mains de quelques Happy Few.

Le moment pour nous de vous présenter cet atelier de fabrication et cet endroit de Molsheim, hors du temps, accompagné de Christophe Piochon, Directeur Général des lieux.

BUGATTI À MOLSHEIM

L’entreprise Bugatti est présente à Molsheim depuis 1909, année où la petite production s’installe dans une usine désaffectée de la petite ville Alsacienne. Des difficultés, mais de nombreux podiums et des modèles mythiques toujours pensés et construits pour la course. La Seconde Guerre mondiale et ses dérives mettront un frein important aux activités de Bugatti. Sans compter qu’Ettore n’est plus là. 

Ateliers Bugatti à Molsheim

Le Bugatti d’après-guerre entretient des automobiles plus qu’elle ne produit de nouveaux modèles. 1956 signe l’arrêt définitif de la production, qui se suivra par le rachat massif de véhicules Bugatti par les frères Schlumpf dont la collection trône aujourd’hui fièrement à Mulhouse dans le musée qui porte leur nom.

Après un rapide passage sous contrôle italien, et la sortie de pièces comme la EB101 ou EB110, Bugatti ne peut sortir de l’eau et c’est Volkswagen qui la sauvera en 1998 en lui redonnera tout sa gloire passée et surtout, future.

Pour reprendre l’activité avec intérêt, quelle meilleure idée que celle de s’installer à nouveau à Molsheim ?

Le domaine du Château Saint-Jean, propriété d’Ettore, est désigné comme lieu légitime pour recevoir le nouvel atelier qui ouvrira ses portes en 2005 : une nouvelle grande ère Bugatti est inaugurée.

Ateliers Bugatti à Molsheim - Château Saint-Jean

Une petite visite s’impose.

En rentrant sur le site et en marchant dans la première allée principale, deux choix s’offrent à vous. À gauche, l’atelier Bugatti et la partie la plus moderne. À droite, les lieux historiques du château et de l’orangerie, ainsi que deux remises particulières. Deux chemins, deux époques, symbolisées par une frontière. Béton pour l’atelier, graviers pour le château.

L’Orangerie a été construite par Ettore Bugatti, et l’homme ne plaisantait pas avec son Basilic frais et ses plantes. Il a lui-même dessiné la batisse et sa rigueur technique se retrouve jusque dans la conception des fenêtres. Le lieu vit désormais au rythme de grandes réceptions et de diners. Dans l’entre-saison seulement, la petite serre n’étant ni accueillante en été ni en plein hiver.

Ateliers Bugatti à Molsheim - Miniatures Bugatti Veyron

Je vous parlais de deux remises particulières. La remise Nord servait initialement pour l’entretien des Bugatti Veyron, mais elle a rapidement changé de visage après restauration pour accueillir un “petit” musée présentant l’historique de Bugatti. Petit uniquement par sa taille.

On y trouve une Type 35, 55, la gigantesque Royale, ou encore la première Bugatti électrique (utilisée par Ettore pour se déplacer sur ses sites de production, avec pour moteur le démarreur de la Royale). Cette Bugatti Royale, parlons-en.

Il s’agissait d’une automobile dessinée pour les rois avec l’éléphant qui danse sur le bouchon de radiateur. Élégance et puissance. Un hommage à la sculpture de son frère Rembrandt Bugatti tristement mort plus tôt . 6 exemplaires furent produits, et je peux vous dire que celle-ci, avec ses vitres blindées, appartenait à un ministre Français.

Ateliers Bugatti à Molsheim - Remise sud

Mais on y trouve aussi la renaissance de Bugatti. Le prototype Veyron de 2001 présenté à Tokyo puis à Francfort, déjà avec le grand 16 cylindres de 1001 chevaux. De ce concept car est né le véhicule de série baptisé “Série 0” et produite à partir de 2005. La carrosserie est immédiatement reconnaissable avec sa partie centrale en carbone, et le reste du corps en aluminium.

La remise sud est le commencement de tout, dans la tête au moins. C’est ici que Bugatti reçoit ses clients, afin d’inventer et de réfléchir aux possibles configurations, choisir les couleurs, avec l’aide d’un designer, d’une voiture physique et d’un écran géant pour déjà se plonger au volant de sa voiture.

Vous imaginez maintenant assez bien le lieu. Laissez-moi vous amener là où toutes les Bugatti modernes ont vu le jour, l’atelier et la partie moderne du site de Molsheim.

BUGATTI CHIRON : DE A À Z

Les portes automatiques s’ouvrent, et j’ai davantage l’impression de me trouver dans une manufacture d’horlogerie que sur un lieu d’assemblage d’automobiles.

Ateliers Bugatti à Molsheim - Lieu d'assemblage

La lumière est intense, tout est minutieusement rangé et il faut se lever tôt pour trouver le moindre grain de poussière. Pour vous faire une idée plus précise, cette “ligne d’assemblage”, qui n’en est pas une, nous fait songer à celle d’une formule 1. C’est dit.

Six mois s’écoulent entre la “commande” et la livraison. Il faut compter un mois de planification d’assemblage, puis 3 mois de commande des pièces spécifiques chez certains fournisseurs, et enfin 2 mois dans l’atelier comprenant l’assemblage et la batterie de tests.

Ateliers Bugatti à Molsheim - Bugatti Chiron - Roue

Tout commence sur notre droite. Le groupe propulseur arrive pré-assemblé d’Allemagne. Il faut savoir qu’il n’y a seulement 6 mécaniciens capables de le monter, et l’équipe de deux qui s’en occupe a besoin de s’y consacrer une semaine entière. Quand il est terminé d’être assemblé à Molsheim, il est testé sur banc pendant 8 heures avant de pouvoir “rejoindre” le reste de la voiture.

Le moteur de cette Chiron, parlons-en un instant. Il a la particularité d’être composé de 16 cylindres en W, tout comme celui de la Veyron de série. Toutefois, entre les deux, Bugatti l’a fait évoluer de 1200 à 1500 chevaux, et ce changement se passe au niveau des turbos. Accrochez-vous, j’enfile mon habit de technicien Bugatti.

Ce “petit” moteur possède 8 litres de cylindrée et un couple de 1600 NM de 2000 à 6000 tours minute. C’est la bagatelle de 220 litres par minute qui circulent dans le moteur. Pour vous donner une idée, la baignoire de votre salle de bain serait vidée en 20 secondes. En pleine charge, 11 minutes suffiront à vider tout le réservoir.

Ateliers Bugatti à Molsheim - Remise sud - Moteur W16

Le fonctionnement des turbos a en effet changé entre les deux modèles, en particulier pour gérer le “trou” de turbo senti à partir d’un certain nombre de tours minute. Et ce grâce à un registre de turbo minutieusement réglé. Le poids supplémentaire étant compensé par l’utilisation de pièces en carbone. Comment ça marche ?

Deux turbos arrière tournent tout le temps, et les deux autres s’activent seulement quand les 3800 tours minute sont dépassés. Les quatre turbos ne s’activent jamais en même temps.

Ateliers Bugatti à Molsheim - Bugatti Chiron -Compteur de vitesse

Vient ensuite l’assemblage de la boite de vitesse. Une boite 7 rapports à double embrayage automatique, afin d’adoucir le changement de rapport, et une fois le moteur assemblé, il passe sur un des trois blocs d’assemblage. La suspension est classique, mais à haute performance. Il n’y a jamais rien de vraiment classique chez Bugatti. Le système hydraulique adjacent compresse et décompresse le ressort pour changer le niveau de hauteur du véhicule.

À l’arrêt la hauteur est maintenue à 115mm, mais à plus de 180 km/h, elle est abaissée à 80mm à l’avant et 95mm à l’arrière, et l’aileron se déploie. Il sert d’aérofrein et augmente l’efficacité des freins arrières. Si vous activez la fonction “Top Speed” en glissant la deuxième clé sur le pas de la portière, au-delà de 50km/h, c’est 55mm que nous avons à l’avant et 60mm à l’arrière. Pour s’envoler vers les 420km/h.

Quand le moteur est assemblé, il est fiancé, et quand on l’insert dans la voiture, le voilà marié. Le jargon de l’amour automobile.

Ateliers Bugatti à Molsheim - Bugatti Chiron

Le châssis, maintenant. Le monocoque en carbone vient d’Italie. La Bugatti Chiron compte 3800 points de serrage, qui sont tous répertoriés clairement dans un registre. Trois personnes sont affectées à l’assemblage du châssis, et il leur faut une semaine pour cela. Juste derrière ce châssis se trouvent des chariots pré-conditionnés où chaque pièce a sa place. Ces chariots sont apportés d’un bâtiment proche, et arrivent au compte goutte par séquence de montage. Une organisation impressionnante. 

Une fois le chassis sec assemblé, il faut le remplir. Christophe nous ouvre une armoire à robinets et tuyaux futuristes. Il faut tout d’abord aspirer “à sec” par sous pression pendant 10 minutes pour voir si aucune fuite n’est détectée avant de remplir par aspiration tout le liquide de système de refroidissement, l’huile de frein, l’huile de boite de vitesse, et j’en passe.

Ateliers Bugatti à Molsheim - Lieu de remplissage

La magie prend vie à ce moment, où l’on démarre la voiture “pré-assemblée” pour la première fois. Il est alors temps de faire l’apprentissage des calculateurs (40) pour qu’ils puissent communiquer ensemble. Ainsi que les premiers réglages de la géométrie du véhicule avant passage en partie dynamique sur banc à rouleaux. On pousse le jeune fauve jusque 200 km/h avec multi-injection d’air frais pour refroidir cette masse qui chauffe.

Arrive alors l’heure du quatrième box, où l’on met son costume à la bête.

Ateliers Bugatti à Molsheim - Carrosserie

La carrosserie est pré-assemblée, puis envoyée chez le peintre. Selon les souhaits et exigences du client, évidemment. Trois semaines sont nécessaires à l’application des 5 couches de peinture sur les pièces en carbone. Une couche avant de peindre, la peinture puis trois couches de vernis poncées. Deux jours d’assemblage plus tard la voiture est habillée puis un test d’étanchéité est mené à l’aide d’eau sous forte pression pendant 30 minutes, ils l’appellent la pluie de mousson.

Vient le moment de l’habillage intérieur du véhicule. Cette étape passée, on filme l’automobile avec une couche anti gravillons, on l’équipe de pneus et jantes de test et on l’emmène rouler ses premiers 300 km. La Chiron quitte Molsheim.

Ateliers Bugatti à Molsheim - Bugatti Chiron - Arrière

S’en suit une descente par les Vosges juste à Colmar, en prenant bien soin d’effectuer les virages en épingles à cheveux, de bien roder les freins, et de prendre des pavés pour que les vibrations fassent découvrir d’éventuels problèmes. Puis, le deuxième moment de magie.

En partenariat avec l’aérodrome de Colmar, les techniciens d’essais peuvent pousser tranquillement la Chiron jusque 320 km/h sur la piste d’atterrissage, effectuant les essais qui vont avec. En général entre le décollage de deux avions.

Ateliers Bugatti à Molsheim - Bugatti Chiron

Après l’essai route, les équipes reviennent par l’autoroute à l’usine. Le lendemain, on change toutes les huiles, on installe les roues du client, et on optimise les différents points de friction que le premier essai aurait relevé. Enfin, la voiture s’en va encore rouler 50 km avec la configuration particulière du client.

Quand le feu vert est donné, on enlève les films de protection, on prépare la voiture, on la bichonne, on la lave, mais ce n’est pas encore fini.

Ateliers Bugatti à Molsheim

Vient la dernière étape de l’audit de produit, qui se déroule dans le fameux tunnel de lumière. Là, une personne spécialement préparée pour cette étape inspecte la voiture centimètres par centimètres. Avant de livrer ses conclusions finales, et de dire si problème(s) il y a ou non. Le cas échéant, le problème est réglé et un deuxième tour d’audit a lieu.

C’est alors que le directeur qualité, le directeur des ventes, le directeur du service après-vente et Christophe Piochon se réunissent autour de l’objet tant attendu pour donner leur aval final.

Le client est ensuite convié à venir à l’usine pour récupérer ce qu’il attend parfois trois années. Dans certains cas le client souhaite même assembler quelques pièces ou monter à bord pour l’essai route. Tout a fait normal ici.

L’autre détail qui fait la différence, c’est que la Chiron est en permanence connectée à Molsheim par satellite, et tous les techniciens obtiennent les détails souhaités en direct pour voir s’il y a des erreurs ou des détails étranges dans les calculateurs. Le cas échéant, l’information est immédiatement envoyée au service après vente (les “flying doc”) et le client est appelé immédiatement  : “votre pneu arrière gauche semble avoir un léger problème de pression”. On adore.

Ateliers Bugatti à Molsheim - Bugatti Chiron - Intérieur

De toute façon, en attendant son bébé, le client reçoit chez lui une miniature en 1/8ème extrêmement détaillée de sa voiture et sa configuration. De quoi patienter avec plaisir.

Je crois avoir fait le tour avec vous, main dans la main, de (presque) tout ce que l’on peut trouver dans ces lieux fantastiques et intimes qui recèlent bien d’autres secrets. La magie est toujours d’en garder un peu pour soi…

Ateliers Bugatti à Molsheim - Bugatti Chiron -Parmigiani Aerolithe Chronograph

3 réponses à “Bugatti”

  1. Florent dit :

    Merci pour cette belle visite 🙂
    Et bien sûr quoi de mieux pour visiter un tel lieu qu’une Parmigiani Fleurier Bugatti au poignet 😉

  2. L’article comme les photos sont formidable. Quelle plongée dans cet univers incroyable !

  3. Alain dit :

    Inaccessible, et passionnant. On aimerait pouvoir visiter soi-même.

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