Autumn leaves : l’automne ou la saison de l’élégance

Il est 7 heures. Vous vous extrayez d’une agréable nuit de sommeil, fertile en rêveries de tous genres. Votre appartement conserve encore la chaleur de cette nuit très fraîche à l’extérieur. Après une douche régénérante et un café pris sur le pouce, des envies de tweed et de laine vous prennent. Il faut bien affronter cette matinée. Vous sortez, et un magnifique décor d’automne s’offre à vous. Un ciel bleu d’une pureté incomparable que seuls les tracés des avions viennent perturber. Un soleil puissant, votre souffle chaud qui se transforme en volute de fumée par la différence de température entre votre corps et votre environnement. Et un tapis végétal formé de feuilles qui se parent de rouge et de jaune comme pour vous accueillir tout au long de votre chemin.

Le quattro stagioni – L’autunno

Les quatre saisons de Vivaldi sont toutes créatrices d’un imaginaire puissant. D’ailleurs, Vivaldi lui-même avait décrit par quelques lignes l’environnement spirituel de ses créations. L’automne, moment où les paysans chantent et dansent avant de se laisser porter par un sommeil délicat, suite à quelques gouttes de liqueur avalées. L’air est encore doux, mais propice au repos, moment où les chasseurs poussent aux portes de la mort l’animal terrifié qu’ils pourchassent, lui prenant son dernier souffle de vie.

L’automne, moment où les feuilles délaissent les arbres pour mourir à leurs pieds, est donc aussi un moment d’introspection, de prise de recul, car ces feuilles qui jonchent le sol montrent la fin d’un cycle et le commencement de nouvelles choses. Période où se mêlent à la fois mélancolie et grâce dans nos esprits. C’est donc un temps où l’on peut s’exprimer aussi par ce dont on se vêtit, et qui reflète le fond de notre âme.

Élégance automnale

Moment de transition donc, l’automne est propice à de nombreuses libertés. Même si l’élégance est intemporelle, et se défie des saisons, l’automne est un moment particulier où les matières, coloris et compositions se démultiplient et viennent apporter un supplément d’âme au style des personnes que l’on rencontre. En s’éloignant de l’été, on ressort nos vestes en matières plus épaisses, en laine, en tweed (tissu de laine), nos pulls en maille, nos longs manteaux. Et c’est un plaisir pour nous, qui avons dû nous priver de leur présence pendant de longs mois. C’est pourquoi quand l’automne arrive, on s’empresse de les retrouver et d’essayer de nouvelles associations.

Si vous portez quotidiennement un costume, le plaisir de porter des tissus de laine plus épais et qui ont eu un tissage différent est indescriptible. Du costume en tweed qui n’est pas sans rappeler les températures fraîches d’Irlande et du Royaume-Uni, au costume en flanelle de laine (même si de plus en plus aujourd’hui, la flanelle est faite de coton), les choix sont nombreux. Que vous soyez plutôt laine peignée (pour un résultat fin) ou laine cardée (laine plus épaisse, comme le tweed), vous aborderez l’automne avec sérénité.

Moi qui ne porte pas quotidiennement de costume, j’aime à dépareiller le pantalon et la veste. Un pantalon en laine noire avec de fins carreaux, associé avec l’épaisseur de ma veste en tweed à col Mao à laquelle je tiens tant. En dessous, cela dépend de la température, j’aime à retirer la chemise pour y mettre un col roulé assez fin, qui se porte à merveille avec ce type de col. J’y fais reposer une petite écharpe en soie ou en laine ici, à motif “Paisley” (aussi appelé motif cachemire, d’inspiration iranienne), qui fait écho au patchwork des feuilles et autres paysages automnaux qui nous entourent.

Enfin, pour accompagner le tout, on ne peut se passer d’un manteau. Long et en laine si possible. Une pièce toute en longueur, et surtout bien coupée à notre profil. C’est aussi la saison du Barbour de chasseur ou de motard, qui fait une pièce de transition parfaite. Je pense notamment à un classique de Barbour (au-delà de la veste cirée), du par-dessus matelassé avec col en velour, et ses deux grandes poches latérales. Élégance très British.

Automne : Dieu est dans les détails

L’automne est à mon goût une saison de l’or. Peut-être en rapport avec l’intensité des rayons du soleil que nous pouvons percevoir pendant ces froides matinées, ou encore la couleur des feuilles qui forment le sol. Une certitude, j’aime à porter mes chronographes vintage en automne, je peux les sentir en osmose avec leur environnement. En ce sens, porter une chemise avec des boutons de manchette qui font écho à la montre est un plaisir pour l’oeil avisé.

Je voudrais parler de souliers à présent. Je ne les considère pas comme accessoires, étant un habit avant tout dans mon esprit. L’automne me conte une histoire qui parle de veau velour, principalement. C’est une matière dont la texture réchauffe le regard. Je ne reste pas borné à cette matière, mais j’aime principalement à en porter l’automne ou l’hiver. Que ce soit sous forme de bottines à lacets, de chelsea boots, de chukka boots, ou encore de double boucle, elles habillent toujours le vêtement d’automne avec une parfaite symbiose.

Si je vous parle de cochon sauvage d’Amazonie, à quoi pensez-vous ? Au pécari peut-être…Qui peut servir de fabrication aux gants du gentleman, en tant que matière souple et résistante, et que les averses d’automne n’affecteront absolument pas, car ce cuir est particulièrement résistant à l’eau. On peut commencer à en porter en automne, sur le chemin du travail.

George Sand résume à merveille ce que l’automne m’inspire et nous inspire : “l’automne est un andante mélancolique et gracieux qui prépare admirablement le solennel adagio de l’hiver”. Une saison placée sous le signe de la douceur, où il ne fait pas bon se précipiter. Mais rien n’empêche de parcourir les rues et jardins éclairés par ce soleil aux teintes mordorées, dans des vêtements que nous adorons particulièrement car ils s’associent à merveille par leur style et leur confort à l’environnement changeant qui nous entoure. Un cycle se ferme, un autre commence à peine, abandonnons-nous à l’automne Messieurs…